Numéro 10

EDITORIAL - Imaginaires de la voix

Publié le 21 avril 2014 Mis à jour le 21 mars 2017

Le choix de ce thème pour le dossier du numéro 10 n’est pas sans rapport avec le colloque organisé à l’Université Paris Nanterre, par le Centre de recherches sur le monde lusophone, CRILUS, en partenariat avec l’Institut Camões, en octobre 2010, sur les relations entre les imaginaires nés de la voix.

Objet d’étude et de recherche interdisciplinaires, ce thème est le point de rencontre et de dialogue des voix qui tissent un texte, qui dansent et serpentent, qui mettent en musique ou marquent une scène, qui manifeste la plasticité/visualité/tactilité de l’art. Plural Pluriel veut être un espace qui accueille les idées et les concepts pluriels et audacieux, espace approprié, donc, à cette proposition qui a, en son centre, l’idée de la voix comme espace de frontières entre les imaginaires, trame qui se crée entre mémoire, histoire, corps, trait, œil et lettre.

Dans la visée interdisciplinaire – comprise comme l’art d’un tissu solidement tramé mais toujours flexible – ce dossier met en avant les voix plurielles et poétiques des imaginaires, au contact des voix historiques et politiques, avec des textes sur les différentes manifestations poétiques (littérature, arts du spectacle, arts de l’image, musique). Redimensionnant les modalités de la voix en fonction de leurs univers culturels, on révèle des expériences esthétiques où le signe verbal dépasse ses propres limites, pour se transformer en mots, en spectacles, en voix, en corps, en images, créant ainsi une « friction » entre les formes poétiques.

Articulant présent et passé dans une recherche constante des racines qui fondent une identité, ce numéro de Plural Pluriel souhaite être lu et s’exhiber de vive voix. Et pour que cette voix puisse être entendue, la revue vous invite à prendre place sur cette scène tournante et caléidoscopique pour éveiller la subjectivité endormie, dépasser les dichotomies, harmoniser raison et sentiment et réunir, en toute convivialité, l’intellect et le corps.
 
Le dossier comprend trois parties. Les articles de la première partie (Réflexions sur la voix et le corps) proposent une réflexion sur des aspects théoriques et/ou pratiques de la voix, comme miroir sonore (Urânia Tourinho Peres), ou sur le passage du corps à la voix (Graça dos Santos), l’écho d’une voix traditionnelle dans le monde contemporain (Edil Silva) ou la force performatique de la voix dans les folhetos comme motivation de lecture (Maria Claurênia Silveira).

La seconde partie (Voix et Lettre) est consacrée à la voix dans sa relation à la littérature. Fernando Segolin évoque la poésie expérimentale et babélique du poète portugais Luis Serguilha et d’une proposition de silence de la voix poétique; Gabriela Reinaldo parcourt les récits de Guimarães Rosa pour y détecter la présence constante de la musique ; et Edilene Matos rapproche et « frictionne » les voix de deux voyageurs/créateurs, Jorge Amado et le poète populaire Manoel Camilo dos Santos.

La troisième partie (Questions de performances) problématise les performances vocales, textuelles, historiques et visuelles. David Cranmer étudie la musique des entremezes et farses de la période coloniale, entre Portugal et Brésil. Anabela Oliveira s’attache aux voix du cinéma portugais de la période salazariste, tandis qu’Adelaide Cristóvão écoute les voix de l’espace filmique contemporain, en s’attachant à la performance singulière de João de César Monteiro, entre voix et images.
 
Ce numéro 10 comprend, dans la section Document, un témoignage long, lucide et lumineux, donné par le poète populaire José Alves Sobrinho à Edilene Matos, extrait des archives personnelles de la chercheuse. Andrea Betânia da Silva en a assuré la transcription et l’appareil critique.

Parmi les comptes-rendus, trois livres sont présentés : Cultura e Arte: memória e transgressão, qui réunit un ensemble d’articles consacrés à la culture et à l’art, dans une lecture de Eliana Albuquerque ; Salazar, uma biografia política, de Filipe Ribeiro de Meneses, est présenté par Helena Silva, et Teoria da Heteronímia ou “O Jogo dos nomes” est proposé par Filipa Barata à propos du livre Teoria da Heteronímia, de Fernando Cabral Martins et Richard Zenith.

L’illustration de la couverture de ce dixième numéro de PLURAL PLURIEL est une création artistique du poète et designer portugais, E. M. De Melo e Castro. Merci à E. M. de Melo e Castro pour sa contribution inspirée et généreuse à notre revue. Merci aussi à Maria Virgília Guariglia pour en avoir cédé l’original. Merci, enfin, à Ingrid Peruchi pour son intervention sur cette illustration.

PLURAL PLURIEL remercie ses lecteurs pour leur fidélité et leurs encouragements.

Edilene Matos

Mis à jour le 21 mars 2017