Numéro 9

EDITORIAL - Les « Amazonies brésiliennes »

Publié le 21 avril 2014 Mis à jour le 21 mars 2017

Les « Amazonies brésiliennes », thème du dossier, fut en 2009 le titre d’un colloque organisé à l’Université Paris Nanterre par le Centre de recherches interdisciplinaires sur le monde lusophone. Ce thème permettait d’associer, dans un double hommage, les écrivains Dalcídio Jurandir et Lindanor Celina, aux visions plus ou moins imaginaires que l’Europe (et la France donc) ont créé autour de l’Amazonie.

Du colloque émergea le dossier de revue et non les actes de colloque. Non seulement parce que l’université d’aujourd’hui n’accorde plus aux actes le même statut de publication qu’autrefois, mais surtout parce que, hors de la performance du colloque, lorsque la parole et la présence de l’auteur manquent, bien des textes révèlent leurs limites.

Les articles ici réunis ont donc été sélectionnés, certains sont nés de la communication en ouvrant de nouvelles perspectives, d’autres les ont rejoint, parce qu’ils apportaient des réflexions et des visées nouvelles.

Au-delà des textes, ce sont les images qui caractérisent ces « Amazonies brésiliennes ». Des photos nées d’un projet de recherche coordonné par André Luis Valadares de Aquino et Gunter Karl Pressler à l’Universidade Federal do Pará, qui donne à voir la beauté, la douceur ou parfois la rudesse des paysages et des personnes. Le prix de l’Institut des Arts du Para (IAP, 2011) devait récompenser en 2011 cette « promenade par les campos qui est un voyage par le monde, topographie ou photographie raturée de la traduction littéraire de l’Amazonie par Dalcídio Jurandir ». Les photographes auteurs de la plupart de ces images sont également présentés par de brefs profils d’auteur.

La première partie du dossier est consacrée à la littérature et en particulier aux deux auteurs réunis dans cet hommage. Dans un premier moment, centrifuge, Camila do Valle s’interroge sur les difficultés d’identification d’une littérature d’Amazonie, à partir du double exemple de Ferreira de Castro et de Dalcídio Jurandir. Et dans un mouvement complémentaire et opposé, Miguel Real part lui aussi de l’œuvre de Ferreira de Castro pour l’inclure, avec d’autres romans portugais récents, dans la littérature portugaise de l’émigration.

Puis trois articles évoquent en continu, dans un mouvement harmonieux, les deux auteurs associés dans cet hommage : Gunter Karl Pressler analyse, avec maestria, le projet littéraire de Dalcídio Jurandir, avant que Daniela Cruz évoque le même auteur, mais vu par Lindanor Celina, son amie, qui lui consacra une élégie, tissée d’admiration et d’amitié. Puis Véronique Sémik nous propose, à son tour, sa lecture d’une tragédie amazonienne de Lindanor.

La deuxième partie du dossier pourrait s’intituler « Regard, altérités, identités », qui rassemble des regards croisés sur les différentes amazonies rencontrées jour après jour : amazonie sauvage des voyageurs français de la deuxième moitié du 19e siècle, avec Clotilde Gadenne ; représentations des altérités en contact entre Amazonie et Guyane française, avec Brígida Ticiane Ferreira, à partir de son expérience de professeur de français en Amapá ; transcréation de Macunaíma en opéra tupi, avec Rosângela Asche de Paula Maceira, pour élaborer un outil pédagogique ; enfin, la rencontre de ces femmes solidaires, conscientes de l’importance de leur action jusqu’à la transformer en une véritable identité politique, que sont les « casseuses de babaçu », rencontrées, écoutées et comprises par Stéphanie Nasuti.
 
La section TEXTES ET DOCUMENTS révèle d’autres trésors, tout aussi originaux et féconds.

En premier lieu, une chronique que Milton Hatoum a eu la générosité de proposer comme sa contribution à l’évocation des Amazonies brésiliennes : Um enterro e outros carnavais évoque Manaus, ses rues et ses arbres, la jeunesse du narrateur définitivement close par la mort d’une mère.

Puis l’hommage annoncé aux deux écrivains paraenses se concrétise par des documents divers : biobibliographie de Dalcídio Jurandir (G.K. Pressler), chronologie de l’œuvre de Lindanor Celina (S.Casha & E.Matos), complétée par une évocation vidéo de cette œuvre, élaborée par deux étudiantes de l’université Université Paris Nanterre, et enfin un témoignage sensible de l’amie, Ana Maria Cortez.

La photographie en couverture a été généreusement cédée, comme d’autres de ce numéro, par Elza Lima, dont les œuvres se trouvent déjà dans des collections de musées, au MASP et au MAM de Rio de Janeiro, et ont été exposées dans plusieurs pays. Ses photos se caractérisent par l’utilisation de scènes ouvertes, où elle capte les nuances oniriques du temps et ses changements accélérés.

Comme de coutume, la revue est complétée, outre les comptes-rendus, par différentes informations concernant la Recherche dans notre Centre de recherches interdisciplinaires sur le monde lusophone - CRILUS, de Nanterre, les Actualités des manifestations culturelles, linguistiques et universitaires. Enfin la Vie de la revue, dont plusieurs chapitres ont été actualisés car notre revue s’oblige à une constante révision de ses critères et de ses modes de fonctionnement : en présentant dorénavant les résumés de ses articles en trois langues (anglais, français et portugais), en ouvrant de nouvelles thématiques, déjà annoncées pour les prochains numéros, mais aussi en révisant la composition de ses Comités ou en améliorant ses indispensables Consignes aux auteurs.

PLURAL PLURIEL, revue des cultures de langue populaire, souhaite poursuivre et renouveler ses efforts pour satisfaire ses lecteurs et accueille, avec joie, leurs suggestions, leurs propositions, leurs articles et leurs critiques.


Gunter Karl Pressler
& Idelette Muzart – Fonseca dos Santos
 

Mis à jour le 21 mars 2017